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fait adopter ces petites créatures pour vos enfants… Voyez maintenant si vous voulez ainsi les abandonner pour toujours… il est temps de prononcer leur arrêt et de savoir si vous ne voulez plus avoir de miséricorde pour eux. Les voilà devant vous. Ils vivront si vous continuez d’en prendre un soin charitable, et je vous le déclare devant Dieu, ils seront tous morts demain si vous les délaissez. » L’effet fut si profond que, séance tenante, on souscrivit plus de 40 000 livres de rente au profit exclusif des enfants trouvés ; l’œuvre était définitivement fondée. La reine mère, voulant y concourir largement, lui abandonna le château de Bicêtre ; mais l’air y était d’une acuité redoutable, et les enfants mouraient comme s’ils eussent été frappés de contagion. On fut forcé de les ramener au faubourg Saint-Denis.

Par un arrêt du Parlement rendu le 3 mai 1667, confirmé le 10 novembre 1668, et rappelant celui du 13 août 1552, la somme que les seigneurs justiciers devaient payer annuellement pour l’entretien des enfants trouvés de Paris fut portée à 15 000 livres ; de plus, des lettres patentes de juin 1670 érigèrent en hôpital la maison des Enfants-Trouvés et la firent entrer dans la grande institution qu’on appela l’hôpital général. Cette mesure équivalait à ce que nous nommons aujourd’hui un décret en reconnaissance d’utilité publique. Dès lors l’établissement prospéra et fut assuré de ne point périr faute de ressources comme il en avait été si longtemps et si souvent menacé. Il était devenu assez considérable pour qu’on fût obligé de le dédoubler ; Saint-Lazare, exclusivement réservé au chef-lieu de l’ordre des lazaristes, avait été évacué par les enfants, pour lesquels on avait acquis, en 1674, dans le faubourg Saint-Antoine, les terrains où s’élève actuellement l’hôpital Sainte-Eugénie, qui n’a point renié