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fait mieux : si d’une main elle attire les enfants, de l’autre elle appelle et soutient les vieillards. Elle n’aurait qu’à compulser les registres où elle inscrit ses états civils pour constater que ce même vieillard auquel elle vient de fermer les yeux, elle l’a secouru dans la force de l’âge, elle l’a soigné dans sa jeunesse, elle l’a recueilli enfant dans la rue, où sa mère l’avait abandonné. Afin de sauver les enfants, elle a accepté et singulièrement agrandi l’héritage de saint Vincent de Paul ; afin de donner un dernier abri aux vieillards à bout de voie, elle a modifié et assaini autant que possible les geôles de Bicêtre et de la Salpêtrière. À la place de ces lieux d’horreur où le châtiment était aussi cruel que le crime, elle a installé l’hospice de la vieillesse pour les hommes et l’hospice de la vieillesse pour les femmes. Ces deux établissements et celui des enfants assistés constituent un service d’hospitalité très-fécond dans ses résultats qu’il est utile d’étudier avec quelque détail.

Au portail de plus d’une église du moyen âge, sur le pilier qui ordinairement sépare les deux portes d’entrée, on peut remarquer une large coquille en pierre qui semble placée là comme un lavabo rappelant les purifications que chaque fidèle devait faire avant de pénétrer dans la maison du Seigneur. Ce n’était point un bénitier, ainsi qu’on pourrait le croire ; c’était un berceau permanent destiné à recevoir l’enfant abandonné qu’on apportait furtivement pendant les dernières heures de la nuit et que l’on confiait à l’église, qui alors, remplissant le rôle de mère universelle, arrachait les accusés à la justice et recueillait les orphelins délaissés. À Paris plus que partout ailleurs, le nombre de ces pauvres petites créatures remises aux soins de la charité publique fut toujours considérable, et le dimanche, pendant les offices, les nourrices qui