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vitrée perdue depuis les anciens, aurait aujourd’hui de quoi se réjouir, car les salles ont vu passer des malheureux atteints de ces épouvantables maladies dont l’extrême Orient semble avoir gardé le monopole. Qu’il y eût parmi nous quelques cas très-rares d’éléphantiasis, nous le savions ; mais que la lèpre, la vraie lèpre, la lèpre biblique, se trouvât encore parfois dans la population parisienne, c’est ce qui est fait pour surprendre ; et cependant l’on n’en peut douter lorsque l’on a consulté les registres de l’hôpital bâti par Henri IV.

Saint-Louis possède deux raretés d’un ordre bien différent, un ormeau gigantesque qui fut un des arbres de la liberté plantés pendant la Révolution, et quelques masures noircies, effondrées, qu’on va bientôt démolir, qui furent la première usine à gaz de Paris ; mais l’hôpital offre une curiosité bien plus importante : c’est un musée pathologique, qui, déjà considérable, pourra devenir d’une richesse sans pareille. Il contient non-seulement des estampes, des photographies, des moulages, mais aussi des fac-simile de tous les cas intéressants qu’on a recueillis dans les services. L’imitation de la nature, obtenue à l’aide des procédés de M. Baretta, fait illusion et donne une sécurité parfaite à l’observateur. Malheureusement on n’a pu ranger cette précieuse collection que dans un local tout à fait insuffisant ; on a fermé un passage de communication, on l’a muni d’armoires vitrées, et c’est là le musée. Il est regrettable que l’administration n’ait pu disposer tout de suite d’un emplacement très-vaste, car il y a là le principe d’une institution excellente qu’il faudrait encourager vivement et généraliser dans tous les hôpitaux. L’Assistance publique en sentira certainement bientôt elle-même la nécessité ; l’enseignement chirurgical et médical va forcément vers elle, car seule elle possède,