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trême. C’est du reste une science relativement nouvelle. Le premier essai sérieux fut fait à Londres en 1715 dans la salle du parlement par le docteur Desaguliers, qui appliqua en partie les idées émises par le cardinal de Polignac en 1712 dans son livre de la Mécanique du feu. En France, on ne s’en est vraiment occupé avec succès que dans ce siècle-ci, et grâce aux travaux de MM. Darcet, Chevreul, Dumas, Boussingault, Gavarret, on est arrivé à des applications pratiques qui semblent ne laisser rien à désirer.

Tous nos hôpitaux sont pourvus actuellement d’une machine à vapeur qui chasse dans les salles de l’air froid ou de l’air attiédi, selon la saison, pendant que de hautes cheminées d’appel, douées d’un tirage considérable, enlèvent l’air vicié et le repoussent vers le ciel. On a dit que l’air rejeté ainsi dans la circulation générale constituait une sorte de pluie méotide chargée d’insectes, de miasmes, de pellicules qui pouvaient répandre la contagion et la mort. Il serait facile, à l’aide d’un appareil incandescent, de brûler au sommet du long tuyau d’aspiration, de griller tous ces miasmes délétères, réellement matériels et que le microscope reconnaît avec certitude. Pour parvenir à ce résultat, il faudrait obtenir la température dite le rouge sombre, c’est-à-dire 700 degrés. C’est une dépense de 2 000 francs par vingt-quatre heures et par chaque cheminée de ventilateur[1]. Les quinze hôpitaux de Paris en ont chacun quatre en moyenne, ce qui fait soixante ; or le total des frais entraînés par cette seule combustion s’élèverait annuellement à 43 800 000 francs. Il est fort probable que tant qu’on n’aura pas trouvé un moyen moins dispendieux de neutraliser un véhicule d’épidémie qui paraît encore très-problématique, on s’en fiera aux coups de vent et à la grâce de Dieu.

  1. Académie des sciences, séance du 14 mars 1870.