Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de six brigadiers, de cent dix-sept inspecteurs et de sept auxiliaires : total 145 personnes. Tel est le chiffre de l’armée qui tient en échec les malfaiteurs de Paris ; c’est à ne pas y croire, lorsque l’on se rappelle que le nombre des individus arrêtés en 1868 à Paris a été de 35 751, dont 31 879 ont été remis aux mains du procureur impérial.

On s’est beaucoup préoccupé du service de sûreté ; on a lu avidement les Mémoires de Canler et même ceux de Vidocq, quoique ceux-ci ne méritent guère qu’on s’y arrête, lorsqu’on sait comment ils ont été compilés ; les romans, les drames ont usé et abusé de l’agent de police, et n’ont prouvé que la féconde imagination de nos écrivains ; il ne vit pas, comme on semble se le figurer, dans un perpétuel mystère ; mais, pour être assez simples et dénués de romanesque, ses moyens d’action n’en sont pas moins très-puissants, ainsi que le prouve le résultat obtenu. Le premier soin des inspecteurs est de bien connaître ce personnel de mauvais sujets qui rôdent sans cesse dans Paris comme autour d’une proie promise, et de savoir la spécialité de chacun d’eux, afin de catégoriser, dès qu’ils ont vent d’un crime, le nombre de ceux qui ont été capables de le commettre.

Ils doivent tout voir, tout entendre et ne jamais être remarqués ; avoir fait une étude des mœurs particulières des voleurs, de façon à pouvoir trouver ceux-ci, les suivre et les arrêter. À cet égard, ils sont extraordinaires, et bien souvent sur la simple déclaration d’un vol, ils disent : C’est le fait d’un tel ; nous le pincerons ce soir, à tel endroit : et ils le font comme ils l’ont dit. « On n’est pas policier comme on est soldat, écrit Canler, par la force des choses et par les chances d’un tirage au sort ; il faut pour cela des dispositions naturelles, que bien des sergents de ville de nos jours ne possèdent