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de la ville, et si l’on en vient à bout, comme on a fait des gueux et des pauvres, ce sera l’une des cinq merveilles de ce règne, qui sont : la défense des duels, le désarmement des laquais, le renfermement des pauvres et la poursuite des p…, qu’on envoie pour peupler les Canadas[1]. »

L’homme est mauvais, la justice le maintient, la philosophie l’adoucit, qu’elle soit appuyée sur un dogme religieux traditionnel ou qu’elle soit une simple conception de l’esprit ; mais les âmes perverses, trop violentes ou trop faibles, échappent à cette double influence, et les bandits dont j’ai essayé d’esquisser la physionomie et les mœurs ne sont point touchés par des notions métaphysiques. Ils ne respectent guère que la force, l’adresse, la vigilance. En présence des mauvais instincts qui portent atteinte à son repos et à sa propriété, la société est en droit de légitime défense, et elle a édicté des lois répressives ; mais ces lois ne sont utiles que si elles sont respectées ; elle a donc confié le soin de la sauvegarder à une autorité active et toujours aux aguets, que je tâcherai de faire connaître dans le chapitre suivant.

Appendice.Les arrestations opérées en 1873, dans le ressort de la préfecture de police, se sont élevées au chiffre de 33 485. Ce total est moins considérable que ceux de 1868 et de 1869 ; cela tient, d’une part, aux morts violentes et aux déportations qui ont eu lieu pendant et après la Commune ; d’autre part, à la suspension des grands travaux publics qui attiraient à Paris un nombre important d’ouvriers provinciaux que le vagabondage, les délits et parfois le crime poussaient à mal. Une amnistie et la reprise sérieuse des travaux feraient immédiatement remonter la moyenne des arrestations aux chiffres précédents.

Parmi ces 33 485 individus arrêtés, on compte : 2 418 étrangers, 21 733 provinciaux et 9 334 Parisiens ; 1 447 ont été relaxés im-

  1. Journal d’un voyage à Paris, en 1657-1658, publié par A. Faugère In-8°. Paris, B. Duprat, 1862, p. 214.