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police le plus voisin. Les agents, commandés par un officier de paix, se divisent en quatre bandes, qui, rasant les murailles, marchant sur la pointe du pied, entourent le repaire de tous côtés, de façon à en garder les issues. À un signal donné, les torches sont démasquées, et l’on se précipite avec ensemble vers le grand dortoir improvisé sous les voûtes blanchies. L’alerte est générale. Les novices cherchent à se sauver ; les vieux routiers se lèvent en étirant les bras, et se placent d’eux mêmes entre les agents. Nul ne résiste jamais, et le premier mot de tous ces malheureux est : « Ne me faites pas de mal ! »

Que trouve-t-on là ? Le rebut de Paris : des vagabonds, des voleurs, des repris de justice, des misérables aussi qui ne peuvent inspirer que la pitié. « J’ai un asthme, disait l’un d’eux, qui m’empêche de travailler ; je tousse beaucoup, et à cause de cela les logeurs me mettent à la porte ; je viens coucher sur les fours à plâtre, parce que j’en éprouve quelque soulagement. » Celui-là a été immédiatement et d’urgence dirigé sur un hôpital pour y recevoir des soins. On y arrête des enfants échappés et voleurs ; quatre d’entre eux furent surpris au moment où ils dépeçaient à pleines mains et mangeaient une motte de beurre qu’ils avaient enlevée à la halle. Ces razzias donnent des résultats importants : en deux jours, les 19 et 20 février 1869, on a saisi 77 individus, dont 58 avaient déjà eu à compter avec la justice.

Telle est cette armée du mal qui, sans cesse en haleine, menace et attaque Paris ; elle croît en nombre, mais elle est composée de partisans isolés et assez peu intelligents, quoi qu’on en ait dit ; elle n’obéit à aucun chef ; ses soldats se haïssent et se nuisent entre eux, emportés par des passions bestiales qui les aveuglent sur leur propre intérêt et ne leur laissent pas toujours l’esprit de suite, la conception et la lucidité qui font