Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Fours à plâtre. — Carrières d’Amérique. — Chasse aux vagabonds. — Asthmatique. — La sécurité de Paris au bon vieux temps. — Légitime défense.

S’il est impossible de dire, même approximativement, le nombre des malfaiteurs qui habitent Paris, on peut du moins déterminer avec certitude le nombre de ceux que la préfecture de police fait arrêter ; mais il n’est point inutile de remonter à quelques années en arrière et de voir dans quelle progression ces gens de mauvais monde s’empressent vers la ville qui les tente et les attire de partout, car là se rencontrent plus que nulle part ailleurs l’occasion, le plaisir, le refuge et bien souvent l’impunité. En 1837, on arrête 20 726 individus ; en 1862, 24 953 ; en 1865, 25 516. La différence est notable, mais elle est jusqu’à un certain point insignifiante en présence de celle qui se manifeste maintenant. 1866 donne 28 644 arrestations, et 1867 atteint le chiffre de 31 437. Ainsi, dans une période de dix ans, l’augmentation est précisément d’un tiers. Elle ne diminue pas, car en 1868 les chiffres s’élèvent à 35 751[1].

La surveillance dont les criminels et les délinquants sont l’objet est plus étendue, menée avec plus d’ensemble, mieux ramifiée qu’autrefois, ceci n’est point douteux. Cependant le nombre plus considérable de sergents de ville, les services actifs plus vigilants, ne suffisent point à expliquer des écarts aussi profonds. Cette progression semble être en correspondance directe avec celle que j’ai fait remarquer, lorsque, m’occupant de la Seine à Paris, j’ai eu à parler de la Morgue et du nombre de cadavres toujours croissant qu’on y apporte chaque année. Une des causes principales de cette augmentation dans les délits et les crimes tient à l’horreur instinc-

  1. 1869 ne fournit que 35 275 arrestations. Voir Pièces justificatives, 1.