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iii. — les refuges.

Animal nocturne. — Centre de Paris. — Les anciens refuges. — Assainissement matériel et moral. — Les ruelles subsistantes. — Les barrières. — Spécialités. — Un noir. — Cabinet de lecture. — Étude du droit criminel. — Jamais l’écarté. — Café élégant. — Vieux tapis-francs. — La bibine du père Pernette. — La guillotine. — Café-concert. — Bestialité. — Bals et chorégraphie. — La Cruche cassée de Greuze. — Orchestre. — Influence de la musique. — Les querelles. — Persistance des habitudes prises.


Le voleur est digne du nom qu’il porte en argot : il est pègre, fainéant par excellence. S’il travaille, au vrai sens du mot, ce n’est que par exception : c’est lorsqu’il est traqué de trop près par la police, qu’il veut donner le change, ou que, réduit aux abois par de mauvaises opérations successives, il ne sait plus où donner du front. Ce n’est donc ni au chantier ni à l’atelier qu’il faut aller pour le voir dans la libre manifestation de ses penchants, c’est dans les estaminets, les gargotes, les tapis-francs, les cabarets borgnes, les bals de barrière. Il n’y apparaît ordinairement que fort tard ; il s’est couché vers l’heure où le soleil se lève et a dormi une partie de la journée, cuvant son ivresse ou alourdi par la fatigue de la veille. Il est par-dessus tout, comme les félins avec lesquels il a tant de points de ressemblance, un animal nocturne ; il le sait, et il aime à dire en plaisantant qu’il appartient à la caste des gentilshommes de la nuit.

Non-seulement les malfaiteurs se divisent en catégories distinctes, mais chaque catégorie fréquente des lieux particuliers : les voleurs au rendez-moi rougiraient de frayer avec les roulotiers, qui ne se soucient guère de se trouver en compagnie avec des voleurs au poivrier. Si les mœurs générales sont les mêmes, si l’absence de moralité est identique, les habitudes, les