dangereux en somme, qu’on appelle la basse pègre (du vieil italien pegro, issu du latin piger, fainéant) ; mais je suis loin d’avoir nommé tous ceux qui en font partie ; je n’en finirais pas et je lasserais la patience du lecteur si je voulais expliquer les procédés des voleurs à l’esbrouffe, à la poussée, au bibi (dont les enfants sont victimes), à la broquille (par l’échange d’un bijou faux contre un bijou vrai), au rendez-moi, au voisin, à la ramastique (qui attrape surtout les amateurs de curiosités), à l’officieux, au pardessus, à la valtreuse (qui est fait par de faux commissionnaires), à l’apprenti, à la cire (chez les restaurateurs), à la vanterne (quand on s’introduit dans une maison par les fenêtres), à la nage (dans les écoles de natation). « J’en passe et des meilleurs » pour arriver aux voleurs de la haute pègre, à ceux qui se désignent eux-mêmes avec orgueil sous le nom de grosse cavalerie.
Ceux-là sont réservés au moins pour le bagne, car ils pratiquent l’assassinat, non point par goût, ainsi qu’ils ont bien soin de le dire, mais par nécessité. Les plus nombreux sont les cambrioleurs. En termes d’argot, rincer une cambriole, c’est dévaliser une chambre. On pénètre dans une maison en disant le premier nom venu au portier ; on monte l’escalier ; à chaque étage on sonne ; lorsque la porte est ouverte par un domestique, on en est quitte pour s’excuser ; lorsque nul ne répond à l’appel réitéré de la sonnette, on en conclut que les locataires sont sortis, on ouvre la porte par un moyen quelconque, on fait le barbot dans l’appartement, et l’on s’en va les poches bien garnies, en ayant soin de se gratter l’oreille avec le petit doigt lorsqu’on repasse devant le portier, de façon à lui cacher sa figure. Les chambres de domestiques situées dans les combles, forcément abandonnées pendant le jour et en général fermées par des serrures de pacotille, sont souvent vi-