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levée sur une lame sépulcrale, dans une église de Rome : Quœso, viator, ne me, diutius calcatam, amplius calces.

Mais, quand même on décuplerait le nombre des maisons hospitalières, on ne doit point se faire illusion et il faut savoir dire que, par de tels moyens, on n’améliorera que bien peu nos mœurs actuelles ; qu’importe ? n’arracherait-on qu’une âme au bourbier, c’est autant de sauvé. Malgré tous les efforts de la charité et de la religion, ce qui reste en présence, ce qui s’accroît, ce qui menace, c’est la prostitution insoumise. L’autre est matée, elle appartient à la police, qui la regarde de près ; mais, arrivée à bout de réglementation, l’administration se trouve désarmée en face d’un ennemi qui s’appelle Légion, et qui, pareil à certaines plantes vénéneuses, renaît de son propre fumier. Chez les filles insoumises les plus fréquemment arrêtées, les plus maltraitées à tous égards, on rencontre d’insurmontables obstacles contre l’inscription. Cinq cents fois par an, dans le bureau du chef de service, on entend le dialogue suivant : « Voulez-vous renoncer à votre genre de vie ? — Non. — Voulez-vous travailler ? — Non. — Voulez-vous être renvoyée dans votre pays ? — Non. — Voulez-vous être inscrite ? — Non. » Que faire avec ces récalcitrantes ?

Ces femmes, qui se sont placées elles-mêmes hors de la moralité, ne doivent-elles pas, au nom d’un intérêt supérieur et sans danger pour le respect impérieusement dû à la liberté individuelle, être mises hors la loi ? Elles ont fait retour à la vie purement animale : sont-elles dignes de jouir des garanties de la vie civilisée, qu’elles outragent ? Il faut que l’administration compétente puisse inscrire d’office toute fille insoumise malade ou qui aura été surprise en récidive flagrante de faits de débauche. La mansuétude de l’autorité est fort respectable, mais à la condition que l’indulgence