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chemins de fer, les voleurs à la roulotte s’adressaient de préférence aux malles-postes et y trouvaient parfois des aubaines inespérées. Sous le premier empire, un roulotier prit une vache sur l’impériale d’une voiture de voyage conduite à grand fracas et qui venait d’entrer à Paris par la barrière d’Italie. Dans cette malle, timbrée d’armes royales, il trouva beaucoup d’objets de prix, et, entre autres, le diadème de la reine de Naples. Il en ignorait la valeur ; de plus, il était amoureux et galant : il le donna à sa maîtresse, une fille publique, qui le porta au bal de la rue Frépillon, sorte de bouge à bandits, situé cour Saint-Martin. La parure y fut reconnue, et on la réintégra dans le trésor du roi Joachim.

Au mois de février 1869, trois jeunes roulotiers, en quête d’aventures, avisèrent un camion qui, chargé de caisses en bois blanc plombées, sortait de l’hôtel des Monnaies. Le roulier s’arrêta chez un marchand de vin ; les voleurs, lestes comme des chats, s’emparèrent d’une des boites, filèrent par la rue Guénégaud et disparurent. Le service de sûreté fut prévenu immédiatement : d’après quelques vagues indices recueillis par un témoin qui avait pris les jeunes drôles pour des ouvriers employés à la Monnaie, on crut deviner les auteurs du méfait. On se rendit dans un taudis de la rue de Venise, où les coupables furent arrêtés quelques heures après avoir commis le crime. Dans leur chambre, on trouva non seulement la caisse, qui contenait pour 1 500 francs de médailles de sainteté frappées à Paris et destinées à Rome, mais un assortiment complet d’étoffes, de foulards, de mouchoirs en pièces, et même un ballot qui renfermait un millier de cadres passe-partout imitant l’écaille, et qui avait été expédié par un fabricant parisien à un photographe habitant la province.

Tous les voleurs dont je viens de parler appartiennent à la grande catégorie de ces êtres malfaisants, peu