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extrême habileté. En utilisant tous les recoins, en élevant à grand-peine quelques bâtisses nouvelles, on est parvenu à abriter quatre-vingt-dix de ces malheureuses qui ont été envoyées là par les sœurs de Saint-Lazare, par la Préfecture et les commissaires de police, qui sont venues d’elles-mêmes pour trouver la réhabilitation de leurs fautes ou la préservation contre leur propre faiblesse.

Lorsqu’on les a gardées pendant trois ou quatre ans, qu’elles n’ont été réfractaires ni aux conseils, ni aux encouragements et qu’elles veulent sortir, on les place, dans les départements de préférence, et, en ce cas, la mère supérieure les accompagne elle-même et leur rappelle, au moment de la séparation, que la maison est ouverte à celles qui veulent y rentrer. De 1862 à 1870, cinquante-sept ont été rendues à leur famille, soixante-deux ont trouvé à se caser comme domestiques, vingt-cinq ont été placées comme sous-maîtresses dans des pensions bourgeoises, dix-neuf se sont mariées et sept sont décédées. Un fait touchant et qu’il faut noter, car il est l’éloge de l’œuvre : les anciennes pensionnaires qui disposent d’un jour de sortie viennent invariablement le passer dans l’ouvroir, près des sœurs à qui elles doivent d’avoir appris à marcher dans le droit chemin.

Tout le bien qu’on pourrait faire se trouve en partie neutralisé par l’exiguïté du local, qui a forcé de supprimer la classe, au grand détriment des esprits ignorants, qu’il faudrait éclairer, et par le manque de ressources qui met l’œuvre dans la nécessité, singulièrement douloureuse et antichrétienne, de refuser les malheureuses qui viennent s’offrir à la pénitence et crier à l’aide contre elles-mêmes : en 1869, on s’est vu contraint de repousser plus de quatre cents demandes. La charité peut-elle cependant avoir un plus noble but que de secourir des misères morales qui n’ont, le plus