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nus des boulevards extérieurs, s’ouvrirent à onze heures du soir, pendant qu’on y tirait un feu d’artifice pour célébrer je ne sais quelle fête de famille. Dans ces cas-là, la punition ne se fait pas attendre : on retire le livre aux maîtresses en contravention, pour huit jours, pour quinze jours ; pénalité grave, qui entraine nécessairement la fermeture de la maison pour le laps de temps indiqué, et comporte une perte d’argent parfois considérable…

La plupart de ces femmes sont d’anciennes filles qui, ayant mis quelques sous de côté, ou possédant l’esprit de calcul, obtiennent la permission d’exploiter leurs semblables. Celles-là sont plus immondes que les autres et le commerce qu’elles font est le plus horrible qui soit. Autrefois, à l’époque où on les qualifiait de « femmes du monde tenant académie », on les promenait volontiers, montées à rebours sur un âne, et on les faisait fustiger par la main du bourreau ; on est plus décent et plus humain aujourd’hui, mais on les atteint plus sûrement par les simples mesures que je viens d’indiquer. Quelques-unes sont d’étranges personnes, actives, entreprenantes, travaillées par toutes sortes d’idées saugrenues ; l’une d’elles, qui, malgré une importante fortune, n’avait point abandonné son vilain métier, s’occupait de magnétisme, employait deux ou trois agents de change pour ses opérations financières, écrivait à l’empereur pour lui recommander une recette contre l’oïdium, et passe actuellement les dernières années de sa vieillesse dans une maison centrale, où l’ont conduite des faits de baraterie. Lorsqu’elles sont devenues riches, ce qui arrive fréquemment, elles se retirent à la campagne, dans « leurs terres » ; elles cachent avec soin leur origine impure, deviennent dames patronnesses, dames quêteuses, dotent les jeunes filles pauvres, font des œuvres de piété, par bonté d’âme