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elles pourraient rendre de réels services, dans celle des télégraphes, par exemple, on ne consent à les employer que si elles possèdent déjà, par elles-mêmes, une certaine aisance. Les chemins de fer en les admettant comme buralistes, en leur confiant sur beaucoup de points intermédiaires le maniement des télégraphes électriques, ont donné un bon exemple, qui malheureusement est resté stérile. Prises entre la nécessité de rester honnêtes à la condition de vivre de privations ou de devenir vicieuses en aspirant au luxe, elles ont pu hésiter ; mais le courage leur a manqué, elles ont été promptement vaincues, et elles sont arrivées où l’on sait. Si, avant de les juger et de les condamner en masse, on les entendait une à une, et si l’on vérifiait leurs allégations sur des pièces authentiques, on pourrait, sans excuser leur lâcheté, sans avoir d’indulgence pour une si profonde dégradation, éprouver au moins une grande pitié pour les causes qui l’ont amenée. Entre un nombre considérable d’espèces qui ont passé sous mes yeux, en voici une que je dois citer :

Une jeune fille, née en 1850, est arrêtée dans le courant de 1864 pour racolage sur la voie publique. Interrogée par le chef du service administratif, elle répond : « Ma mère est portière et refuse de me recevoir ; je ne travaille pas, je n’ai point d’état, je n’ai aucune res-

    et des renommez de la cour ; si bien qu’il n’y avoit gueres de filles ou femmes qu’il n’habillast quand elles vouloient être bien habillées. » — Et — « la robe d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or, et par dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée » que Langlée, fils d’une femme de chambre d’Anne d’Autriche, offrit à madame de Montespan, ne fut-elle point apportée et essayée à celle-ci par son tailleur ordinaire ? (Voir Lettres de madame de Sévigné, 5 novembre 1676, t. I, p. 134, édit. Hachette.) Louis XIV avait vu le mal et il essaya d’y remédier, lorsque en 1675, malgré l’opposition des tailleurs pour femmes, il autorisa les couturières à s’organiser en maitrise ; « Considérant qu’il est dans la bienséance et convenable à la pudeur et à la modestie des femmes et des filles, de leur permettre de se faire habiller par des personnes de leur sexe, lorsqu’elles le jugeront à propos. »