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espèce même. La brutalité des passions de l’homme, la faiblesse organique et morale de la femme, ont amené les mêmes résultats, dans tous les temps, chez tous les peuples. Les livres sacrés, à quelque religion qu’ils appartiennent, et qui sont les plus anciens monuments écrits de l’histoire, sont pleins de malédictions et de menaces contre les impuretés et les dissolutions de la femme, « de l’étrangère, » comme l’appelle l’Ecclésiaste. Cependant, certains cultes asiatiques, ne déifiant en l’homme que les instincts matériels, ont admis la prostitution parmi les rites sacrés et dans les mœurs sacerdotales. Sans remonter jusqu’à Hérodote et sans aller jusqu’à Babylone, on peut savoir ce qui se passe, aujourd’hui encore, dans les parties de l’Indoustan que l’islamisme n’a pas pénétrées.

Nous nous trouvons donc en présence d’un fait essentiellement humain, qui est du ressort de l’histoire naturelle même, que nulle législation n’a créé, mais que des nécessités de premier ordre, touchant à la santé publique, à la sécurité des villes, au maintien extérieur des mœurs, à la répression nécessaire de toute forme excessive de la perversité, ont forcé d’enfermer dans les étroites prescriptions de règlements sévères, administrativement appliqués pour le plus grand bien de tous, pour combattre un scandale toujours prêt à s’afficher, pour essayer, en un mot, non pas de guérir, mais au moins d’atténuer, dans les ressources du possible, une plaie sociale constamment ouverte, et qui ne tarderait pas à s’étendre d’une façon effroyable, si elle n’était pas incessamment surveillée.

Il est intéressant d’étudier les moyens que la société emploie pour lutter contre ce mal incurable, de voir où commence et où finit la prostitution, d’apprécier les habitudes des créatures réduites à un si bas état, de dire ce qui les maintient dans l’abjection, enfin de par-