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sais, que le peuple, ne voyant plus la guillotine dressée publiquement, ne dise qu’on n’a pas donné suite aux arrêts de la justice. Qu’importent de telles rumeurs, et doit-on s’y arrêter ? Ce même peuple ne sait-il pas que les condamnés aux galères sont envoyés à la Nouvelle-Calédonie ? Qui le lui prouve ? Rien, et nul, pour s’en assurer, n’a demandé, j’imagine, à feuilleter les registres des ministères de la marine et de la justice. Un seul fait est à considérer : la loi doit être exécutée ; elle le sera aussi bien dans un préau de prison que sur une place de la ville, et la justice ne périclitera pas si l’article 26 du code pénal est abrogé. C’est là un progrès que notre état de civilisation réclame énergiquement, en attendant le progrès suprême, qui sera l’abolition pure et simple de la peine de mort amenée par l’adoucissement corollaire des mœurs et de la loi. Un mot profond a été dit : « La guillotine, c’est faute de mieux. »

Lorsque cette très-grave question viendra devant les législateurs[1], — et elle y viendra, — on fera peut-être bien de consulter les physiologistes, qui pourront, à cet égard, donner de graves renseignements. Ils diront que le cerveau de deux des derniers suppliciés, Lemaire et Momble, offrait des désordres d’une nature spéciale, La pie-mère adhérait à la matière grise, et cette adhérence gênant le jeu régulier des vaisseaux sanguins de la substance cérébrale et cérébelleuse est un des signes caractéristiques de cette maladie, que le docteur Rostan appelle méningo-encéphalite chronique, qui commence presque invariablement par la manie des grandeurs, par des besoins immodérés de fortune, et se termine par la paralysie générale. Qui sait si ces misé-

  1. Il est à craindre que les crimes aussi bêtes qu’odieux commis par les hommes de la Commune ne fassent rejeter bien loin encore cette question, que jamais on ne se hâtera assez de résoudre. La Commune a cependant fait solennellement brûler l’échafaud, sans doute parce que les fusillades le rendaient inutile. (Voir Pièces justificatives, 9.)