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fants de la France ! n’avouez jamais, c’est ce qui m’a perdu ! » La plupart, dans les longues heures de la cellule, se sont promis d’être fermes, de donner un grand exemple, de faire même quelque chose d’extraordinaire qui restera à l’état de légende admirée parmi la population des geôles ; mais un grand écrasement se fait en eux, l’espérance, qui malgré tout a surnagé, est si brusquement déçue, qu’ils sont énervés du coup ; ils oscillent, ils ont peur, ils sont faibles et prouvent une fois de plus qu’il n’y a rien de commun entre le courage et la violence.

La peine de mort, si fréquente jadis, n’est plus appliquée aujourd’hui que dans des cas pour ainsi dire exceptionnels ; il faut que le crime soit particulièrement horrible pour que le jury se résigne à prononcer le verdict fatal et pour que le chef de l’État n’use pas de son droit de grâce. La loi du 28 avril 1832, qui concède aux jurés la faculté de déclarer qu’il y a des circonstances atténuantes, l’aversion personnelle pour la peine irrémissible que professent les souverains qui depuis 1830 se sont assis sur le trône de France, rendent cette terrible expiation de plus en plus rare. Du reste, les excellentes statistiques du ministère de la justice, qui, soit dit en passant, sont des modèles de méthode et de clarté, fournissent à cet égard des renseignements du plus haut intérêt.

De 1803 à 1825, 6 631 condamnations à mort ont été prononcées ; les deux périodes quinquennales les plus chargées sont 1803-1807, 2 094 condamnations ; 1816-1820 (époque de réaction royaliste), 1 986. Sur ce nombre de condamnés, combien ont eu leur peine commuée ? C’est ce qu’il est impossible de savoir, car nul document n’est là pour le dire. À partir de 1826, on marche avec certitude. De 1826 à 1830, 554 condamnations, dont 360 suivent leur cours. La révolu-