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expire le pouvoir de l’administration ; elle tire parti des locaux insuffisants qu’on lui livre ; elle veille sur le détenu, s’assure qu’il ne souffre d’aucune des conditions matérielles dans lesquelles il est placé ; mais elle ne peut aller plus loin.

Qui prend soin du prisonnier ? qui s’occupe de son âme ? qui vient tâcher de donner à son intelligence une direction honnête ? qui lui apprendra à débrouiller l’écheveau confus de ses pensées ? L’aumônier ? Dieu me garde d’en médire ! Il y a dans les prisons de Paris des prêtres qui sont des saints et qui accomplissent avec un admirable dévouement la mission qui leur est confiée. Mais que dit-il au détenu ? Il lui parle d’un Dieu que jamais le pauvre misérable n’a appris à connaitre ; il lui enseigne une morale abstraite dont le sens même n’est pas perceptible pour lui ; il lui parle de l’enfer qui l’attend après sa mort, sans penser que toute sa vie n’a été qu’un enfer. Si le détenu est hypocrite, il fera semblant d’écouter ; s’il est brutal, il tournera le dos sans répondre. Pour résoudre ce problème très-difficile de faire un bien moral aux coupables, il faudrait les instruire et tenter de les améliorer sans les ennuyer. Ne peut-on utiliser les longues heures du soir, si particulièrement pénibles en prison, et faire aux détenus quelques-unes de ces lectures où excelle l’Angleterre ? La chapelle de la Petite-Roquette, cellulairement disposée pour recevoir un très-grand nombre d’enfants, prouve qu’il ne serait pas impossible de construire des classes spéciales où de bonnes paroles, à la fois sérieuses et douces, viendraient réconforter ces âmes débiles.

L’Angleterre, les États-Unis, la Suisse, nous montrent ce que nous avons à faire et dans quelle voie nouvelle il faut courageusement marcher. Là, des œuvres des prisons fondées par des magistrats, des jurisconsultes, des