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dans une promiscuité pleine de périls des enfants que l’isolement avec le travail, l’étude, les soins attentifs, peuvent seuls arracher au mal dont ils trouveront tous les éléments groupés et comme réunis à dessein dans les colonies pénitentiaires.

Il fallait, puisque l’on était animé par l’amour du bien, revenir au système que Gabriel Delessert avait inauguré et que de puériles considérations d’économie ont fait changer. Comme dans le principe, il fallait sur ces jeunes âmes agir principalement par l’émulation ; il était bon de maintenir l’isolement, mais l’isolement tel qu’on l’avait appliqué pendant les premières années, l’isolement qui enlevait l’enfant à la compagnie toujours pernicieuse de ses camarades, et le laissait en communications très-fréquentes avec les professeurs de grammaire, de chant, de dessin, avec les aumôniers, avec les inspecteurs. Il eût fallu à ces enfants débiles, rachitiques, malingres, usés par des débauches dont la précocité est stupéfiante, rendre la nourriture substantielle qu’ils avaient jadis, et qu’on leur a retranchée pour ne point dépasser les ressources insuffisantes d’un budget spécial.

Au lieu de jeter ces petits vagabonds dans les hasards de la vie agricole, il eût été meilleur de les laisser sous l’influence directe de la Société de patronage, qui s’en occupait. Tout enfant détenu en vertu de l’article 66 du code pénal pouvait de la sorte se réhabiliter et marcher dans la bonne voie. Il avait lui-même, pour ainsi dire, la clef de sa cellule entre les mains ; lorsque, dans la prison, il avait appris à lire et à écrire, qu’il avait fait sa première communion, qu’il s’était montré docile, on le mettait en apprentissage dehors, dans un atelier libre ; s’il s’y conduisait bien, il y restait, s’y perfectionnait ; s’il y donnait de mauvais exemples, on le réintégrait à la Petite-Roquette. Les résultats obtenus