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quand la peine sera expirée, qu’on organise ces associations qui mettent la police sur pied, terrifient les honnêtes gens et lassent la justice ; on entre là après avoir commis une peccadille, on en sort préparé au crime et mûr pour le bagne. Le système en commun, si l’on s’obstine à le conserver par un esprit de philanthropie mal entendue, doit tout au moins être appliqué dans des maisons larges, disposées précisément en vue de la surveillance, sous l’œil incessamment ouvert d’une armée de gardiens ; mais, à aucun prix, on ne doit lui donner pour asile des lieux qu’on croirait destinés à faciliter aux détenus leurs conciliabules secrets et à leur accorder une liberté d’allures dont ils ne savent tirer que des actes malsains et révulsifs.

Il est certain que le régime en commun fournit trois fois plus de récidivistes que le système de l’isolement. Quant à la moralité, ce qu’elle a à souffrir dans de pareils cloaques, où l’égout social semble avoir dégorgé toutes ses immondices, on ne peut le soupçonner. La promiscuité des cours, des ateliers, des dortoirs, engendre une corruption indicible. Il y a quelques années, un magistrat éminent, visitant Sainte-Pélagie, demanda au directeur quel était le résultat du régime en commun. Pour toute réponse, celui-ci mit sous ses yeux les correspondances que les détenus échangeaient entre eux et qu’il avait saisies. Le magistrat, comme membre du parquet, plus tard comme conseiller à la cour impériale et président des assises, avait vu se dérouler devant lui ce que la débauche a de plus hideux. Il recula d’horreur, et, à l’heure qu’il est, après plus de dix ans, il ne peut en parler sans dégoût.

Tous les prisonniers de Sainte-Pélagie ne vivent pas au milieu de la tourbe qui remplit la maison. Quelques-uns obtiennent d’être à la pistole, c’est-à-dire de partager une chambre avec trois ou quatre compagnons, moyen-