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marges du calendrier sont imprimées des historiettes qui toutes ont un but moral, vantent les douceurs de la restitution en matière de vol, flétrissent les excès de l’ivrognerie, prouvent qu’il n’y a si mauvais criminel qui ne puisse revenir au bien et racontent même des évasions qu’on serait tenté de croire miraculeuses. Les détenus le lisent-ils ? Oui, sans doute ; mais il leur sert principalement à piquer les jours qu’ils ont déjà passés sous les verrous et à marquer d’une croix celui qui les fera libres.

Dans les prisons, les portes étant des instruments de sécurité, sont construites avec un soin spécial. Celle des cellules de Mazas est en chêne plein ; elle est ouverte en haut d’un guichet percé d’un judas, petit trou à l’aide duquel les surveillants peuvent examiner les détenus ; au niveau du guichet, dans l’intérieur, une planchette fait saillie, sur laquelle, lors de la distribution des vivres, on pose la gamelle. Un chiffre indiquant le numéro de la cellule est peint en noir sur la face externe de la porte. De plus, à celle-ci on accroche deux plaques de zinc. L’une, assez grande, porte sur le recto les numéros de la galerie, de l’étage, de la cellule ; sur le verso le mot : Palais. Cette plaque prouve que la cellule est occupée ; si le détenu est à l’instruction, on la retourne et l’on voit au premier coup d’œil la cause de son absence. La seconde, toute petite, n’est engravée que d’un seul numéro, celui que l’on a attribué au détenu après qu’il a été écroué. Cette plaque doit le suivre au promenoir, au parloir lorsqu’il y est appelé, à l’infirmerie si sa santé l’y fait conduire ; en un mot, partout où il va.

Le système de fermeture est très-solide, peu bruyant et combiné de telle sorte qu’il peut, tout en maintenant le détenu dans sa cellule, permettre d’entre-bâiller la porte suffisamment pour que celui-ci puisse au besoin participer à ce qui se passe dans la galerie et dans le