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table, étaient d’ordre presque exclusivement administratif. Le régime intérieur des prisons, les infirmeries, où, dans certains cas, un seul lit recevait trois ou quatre malades en même temps, l’exploitation du détenu par le gardien, la nourriture insuffisante et malsaine, la paille servant de litière dans d’abjects dortoirs, toutes les bontés en un mot léguées par la vieille France à la France nouvelle subsistaient encore.

Pendant la République, les prisons ne sont que des cloaques ; c’est en vain que, dans la séance du 25 pluviôse an IV, le Directoire envoie au conseil des Cinq-Cents un message pour appeler l’attention sur ce sujet ; nulle amélioration n’est apportée à cet état de choses déplorable. Le Consulat et l’Empire passent sans se préoccuper de la question, et laissent les détenus aux prises avec la corruption morale et physique dans des geôles repoussantes. Ce fut la Restauration qui la première, mue par un louable esprit de justice et de charité, s’aperçut que les prisonniers étaient des hommes et que le devoir d’une société qui se respecte était de faire quelque chose pour eux. Une ordonnance royale du 9 avril 1819 institua une société des prisons, choisie avec discernement parmi des publicistes, des jurisconsultes, des administrateurs, des députés, et la chargea d’étudier le régime des prisons, de porter remède aux maux signalés, et de proposer les améliorations qu’elle jugerait compatibles avec la sécurité publique.

Cette commission, qui amena d’excellentes modifications au système intérieur dont les prisonniers avaient eu tant à souffrir, cessa ses fonctions en 1829. Malheureusement, imbue encore des traditions que la France répudie si lentement, elle ne s’était guère occupée que de la situation matérielle des détenus ; elle avait supprimé autant que possible les punitions inhumaines, les agglomérations dangereuses pour la santé ; elle avait