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témoignages de haines qu’il faut s’efforcer de faire oublier ?

Un autre corps de logis, passablement lézardé et sentant le vieux, est appelé le quartier des cochers. Il est destiné à recevoir les individus qui, par jugement du tribunal de simple police, ont un ou deux jours de prison à faire ; comme les cochers sont plus que personne exposés à ces condamnations insignifiantes, on a donné leur nom au préau et aux bâtiments où ils viennent purger leur peine. C’est là aussi que se trouve l’infirmerie, chambre carrée, fort modeste, chauffée par un poêle de faïence, et qui ne mériterait guère qu’on en parlât, si, du 12 août au 20 septembre 1840, elle n’avait eu pour hôte le prince Louis-Napoléon Bonaparte, pendant que la cour instruisait le procès de Boulogne.

Le mouvement des prisonniers à la Conciergerie est important, car en 1868 il a été de 5 289 entrées et de 5 287 sorties. Au 31 décembre, la prison renfermait 91 détenus. Si quelques condamnés obtiennent de faire leur temps dans la maison de justice, c’est par faveur exceptionnelle et seulement dans le cas où ils ne sont frappés que d’une peine légère. Le service des détenus entre la prison et le Palais de Justice est confié aux gardes de Paris et à la gendarmerie de la Seine. La surveillance est assez bien faite pour qu’on n’ait relevé aucune évasion depuis plusieurs années.

C’est dans la Conciergerie que la justice garde ses accusés, c’est dans le dépôt et les archives des greffes qu’elle conserve les objets saisis et les pièces des procès. Le tribunal de première instance et la cour impériale ont des greffes séparés, mais dont l’aspect est presque identique et qui n’ont entre eux que des différences de détail. Dans les dépôts sont placés, étiquetés, tous les objets saisis chez les criminels ou qui ont servi de pièces à conviction ; il y a là une collection curieuse de mon-