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suivi et trop souvent atteint par l’architecte a été la différence des niveaux. L’on descend et l’on monte sans cesse. La chambre du conseil, admirablement tendue d’étoffes magnifiques, d’où sort la cour pour entrer en séance, le palier que traverse le jury pour se rendre à son banc, ne sont pas de plain-pied avec la salle des assises. Celle-ci est précédée, à toutes les portes qui y donnent accès, par ce petit degré traître et funeste qu’on appelle un pas, et contre lequel chacun butte en entrant. Les mauvais plaisants disent qu’il doit en être ainsi, puisque en toute circonstance la magistrature doit avoir le pas ; c’est fort bien, mais un coup de rabot qui nivellerait tout cela vaudrait beaucoup mieux[1]. La vieille cour des assises, abandonnée aujourd’hui et dont le beau plafond s’écroule sous le poids des combles remplis d’archives, n’offrait point de tels inconvénients ; on y circulait facilement, sans avoir des marches inutiles à franchir, et la parole y trouvait d’excellentes conditions d’acoustique et de sonorité. Les façades sont fort importantes en architecture, j’en conviens, mais la distribution logique et bien appropriée du monument leur est supérieure.

À Paris, où les distances sont énormes, les audiences de la cour d’assises ne commencent guère avant dix heures et demie. Ordinairement elles sont peu suivies ; la partie de la salle réservée au public est assez restreinte et n’est guère occupée que par des désœuvrés ou des voleurs qui viennent étudier là sur nature les mystères du code pénal ; mais lorsqu’une affaire importante est inscrite au rôle, toutes les places sont en-

  1. Nous ne demandions qu’un coup de rabot pour niveler ces inégalités : l’incendie les a détruites ; le feu allumé par les gens de la Commune n’a laissé debout que les gros murs du Palais de Justice. Il ne reste rien des aménagements intérieurs. On peut espérer qu’en les reconstruisant l’architecte saura cette fois les disposer selon les besoins des services auxquels ils doivent satisfaire.