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pour se promener, se divertir et faire des emplettes. Le lieu était tellement à la mode, qu’il servit de prétexte à une comédie : qui ne se souvient de la Galerie du Palais de P. Corneille ? En effet, dans la galerie où s’ouvre la voûte qui conduit au parquet du procureur général et dans le vestibule, s’allongeait une série d’échoppes qui offraient aux passants les marchandises les plus recherchées. Les marchands de dentelles, d’étoffes, de parfums, établis dans les entre-deux des piliers, dans les fausses portes, dans les renfoncements réguliers de la muraille, appelaient les chalands et mêlaient leurs cris à la rumeur de la foule ; « on y trouve quantité de boutiques rangées aux deux costés, dont les marchands sont les plus rusés et les plus adroits de toute la ville, » dit Villiers dans son Voyage à Paris. La baraque de Barbin devait se trouver à l’endroit même où les costumiers sont installés ; on peut du moins l’inférer d’un passage du Lutrin :

Par les détours étroits d’une barrière oblique.
Ils gagnent les degrés et le perron antique
Où, sans cesse étalant bons et mauvais écrits,
Barbin vend aux passants des auteurs à tous prix.


De tout cela il ne reste plus trace. À voir cette large galerie sonore, cette immense salle des Pas-Perdus, coupée aujourd’hui par des refends de planches placardées d’affiches, ce vestibule un peu froid où passent les avocats faisant voltiger la toge noire, les avoués embarrassés de paperasses, des gardiens à épaulettes rouges, et quelques gendarmes désœuvrés debout devant des entrées interdites, qui n’affirmerait que les fameuses boutiques du Palais ont été enlevées il y a bien longtemps ? Oublieux que nous sommes ! En 1840 on y vendait encore des pantoufles, des joujoux et des livres ; elles n’ont été supprimées que vers 1842,