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dans les combles construits en charpente ; tout fut brûlé. L’on vit disparaître ainsi un des lieux de réunion chers aux habitants de Paris, qui, dans les heures de troubles, d’inquiétudes, de disette, allaient là pour échanger leurs impressions et parfois concerter quelque mouvement séditieux. Pendant le siège soutenu contre Henri IV, « au Palais ne se trouvèrent plus, dit P. de l’Estoile, que ligueurs et fourbisseurs de nouvelles. » Les désastres causés par l’incendie de la grand’salle furent promptement réparés ; dès 1622, Salomon de Brosse[1] avait terminé la salle des Pas-Perdus. Les images royales qui l’ornaient ont disparu, et, seule sur son piédestal, dans une pose à la fois emphatique et médiocre, on aperçoit la statue de Malesherbes, le défenseur de Louis XVI.

Il y eut là d’autres combats que ceux de la parole, d’autres luttes que celles de l’éloquence. Pendant la Fronde, ce fut littéralement un champ clos pour le prince de Condé et le cardinal de Retz ; celui-ci, le cou pris entre deux battants de porte poussés par la Rochefoucauld, faillit, le 21 août 1651, terminer d’une façon aussi brusque que ridicule sa médiocre carrière ; plus tard, de moins hauts personnages s’y rencontrèrent ; le 13 août 1663, les clercs et les laquais s’y livrèrent une bataille en règle. De telles aventures n’arrêtaient point la bonne compagnie qui fréquentait le Palais avec assiduité, non point pour suivre les procès, solliciter les juges et entendre les avocats du roi, mais

  1. De Brosse, l’architecte de Marie de Médicis, avait pour prénom Salomon et non Jacques, comme l’ont dit tous ses biographes. Le véritable prénom de ce grand artiste a été retrouvé dans un compte des bâtiments de la reine pour l’année 1616 (arch nat. : K. K. 193), et sur un état des gages des officiers du roi Louis XIII pour l’année 1624. Au surplus, il existe au cabinet des estampes, dans l’œuvre de Michel Lasne, une grande pièce gravée, destinée à conserver le souvenir de Grégoire XV, qui est signée ainsi qu’il suit : Salomon De Brosse inuen., Micael Asinus sculp. (Communiqué par M. A. Lance, architecte.)