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vais ou trop pauvres, qui se débarrassent ainsi d’une bouche à nourrir. C’est ordinairement le jour même du déménagement que ces abandons criminels se commettent. On va à la demeure indiquée par l’enfant, il n’y a plus personne et nul ne sait ce que le père est devenu. Alors le pauvre petit est dirigé sur l’hospice des enfants assistés, où il trouve un abri et des soins qu’il ne connaissait peut-être pas encore.

Lorsque, au lieu d’enfants, ce sont des gens âgés que les années rendent incapables d’un travail qui peut leur assurer le pain quotidien, on cherche dans leur famille, parmi leurs amis, s’il n’existe pas quelque bonne âme qui consente à s’en charger ; on fait appel aux sociétés charitables avec lesquelles la préfecture de police entretient des rapports constants, et si toutes les démarches sont infructueuses, le vieillard est conduit à la maison hospitalière de Saint-Denis, où du moins il attendra la mort sans souffrir de la faim. Lorsqu’un détenu du dépôt, vagabond ou criminel, est atteint d’une maladie qui exige des soins immédiats, il est envoyé d’urgence et consigné dans un des hôpitaux de Paris, au vif désagrément de l’Assistance publique, qui ne paraît pas avoir un goût excessif pour ce genre de pensionnaires. Quant aux vagabonds proprement dits, ils ne sont pas tous Parisiens ou Français ; il en vient de chaque partie du monde, et le cabinet du chef de service a vu successivement défiler, non-seulement des Belges, des Anglais, des Allemands, mais aussi des Persans, des Chinois et des Tatares de Bouckarie.

Le délit parfois a pour cause première l’ivresse et ne mérite autre chose qu’une semonce ; à quoi bon, en effet, déshonorer un homme, lui nuire auprès de son patron, le mettre peut-être, à cause d’une condamnation éventuelle, dans l’impossibilité de trouver du travail, et frapper du même coup une femme et des enfants qui