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d’hier, mais leur organisation définitive est assez récente. Autrefois, la défiance contre les producteurs était telle, que divers règlements (ordonnance du 5 septembre 1625, arrêt du 16 décembre 1661, édit de décembre 1672) les forçaient à venir en personne trafiquer de leurs denrées sur les marchés. Cet état de choses devint intolérable lorsque la zone d’où Paris tirait ses approvisionnements s’étendit à une grande distance. Au lieu de se présenter eux-mêmes, de perdre ainsi un temps précieux mieux employé à la culture, les fermiers choisirent à Paris des intermédiaires, espèces de commissionnaires libres, qui recevaient les denrées expédiées, les vendaient aux Halles et en percevaient le prix. Par le surnom que ces industriels portaient au siècle dernier, on peut juger qu’ils ne jouissaient pas d’une trop bonne réputation. On les appelait grimbelins, corruption du mot grimelin, qui signifie petit joueur, cherchant les minces profils.

Ces commissionnaires officieux, trop souvent infidèles, nuisaient aux opérations qu’ils faisaient sans responsabilité et sans contrôle ; comme ils engendraient sur les marchés plus d’inconvénients que d’avantages, on les remplaça par les jurés-vendeurs, dont le titre seul indique la fonction. Ces derniers disparurent pendant la Révolution avec la ferme des aides, emportés par la loi qui abolissait les privilèges. On ne tarda pas à les regretter, car ils étaient les mandataires d’une quantité considérable de petits producteurs qui par eux seulement pouvaient trouver un débouché facile et un gain rémunérateur. Des agents de vente libres eurent la prétention de se substituer aux anciens jurés-vendeurs et de les remplacer ; mais, agissant sans caractère défini, dans un temps où la sévérité excessive de la loi la rendait le plus souvent impraticable, où l’on ne savait jamais le soir en s’endormant sous quel régime on se ré-