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Notre système actuel paraîtrait à l’abri du reproche, si on l’avait débarrassé d’une mesure fiscale qui pèse encore sur les transactions, mais qui, je l’espère, ne tardera pas à disparaître. Le commerce des grains est absolument libre, l’exportation et l’importation ne sont plus soumises à aucun règlement restrictif ; seulement les blés importés sont frappés, par hectolitre, d’un droit de 50 centimes, auquel il faut ajouter le décime de guerre imposé par la loi du 6 prairial an VII, décime qui ne devait être que temporaire et que nous acquittons encore aujourd’hui. Les bœufs payent 5 francs et les moutons 25 centimes par tête. Ces taxes sont, à notre avis, regrettables, et nous voudrions que pour les denrées de subsistance la franchise fût absolument complète et sans restriction d’aucune sorte. À l’intérieur, la circulation, autrefois si redoutée, si difficile, est enfin entrée dans nos mœurs. Il faut dire que, s’il était aisé jadis d’arrêter sur une mauvaise route des voitures pesamment chargées et marchant au pas, on ne pourrait guère maintenant faire rebrousser un convoi roulant à toute vitesse sur un chemin de fer. Avec les moyens de communication rapide que la vapeur nous donne sur terre et sur mer, la France est à l’abri des disettes. Ce que nous pouvons craindre, c’est le renchérissement et non plus la famine. Il y a cent ans, l’année 1868 eût compté parmi les plus mauvaises et les plus lamentables. Grâce à la liberté des transactions tout se passe sans trouble, sinon sans malaise. La Hongrie, la Russie, l’Amérique, nous envoient leurs grains, et, si le prix du pain a augmenté, c’est du moins dans des proportions acceptables et qui ne font concevoir aucune inquiétude. Pour que la France fût exposée à traverser encore une de ces crises alimentaires si fréquentes au dernier siècle, il faudrait d’abord que sa récolte fût singulièrement pauvre, ensuite que la disette ravageât le monde entier