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centrale, cernée et guettée par l’insurrection : tout transport de fonds eût été immédiatement interdit par la violence ; les succursales de province étaient heureusement libres pour la plupart et l’on put, de la fin de mars à la fin de mai, en tirer 135 millions qui permirent de rapatrier, d’organiser, d’équiper, de faire vivre nos troupes. Si Paris a été reconquis sur les hommes de la Commune, c’est d’abord à la Banque de France qu’on le doit, car sans elle, sans l’argent qu’elle offrait à deux mains, il eût été singulièrement difficile de réunir une armée suffisante. Non-seulement le gouverneur avait accepté de faire face aux éventualités qui s’imposaient, mais il avait entrepris de sauver l’encaisse métallique des succursales placées dans des villes où les théories de la Commune trouvaient de nombreux adhérents. Cela n’était point aisé ; une partie du territoire était occupée par les armées allemandes et tout le Midi était travaillé par l’esprit de révolte ; où trouver un refuge assuré ? 84 millions en or se promenaient dans les wagons des chemins de fer et, après de nombreuses péripéties, allèrent s’abriter dans un endroit fort bien choisi que l’on me permettra de ne point désigner.

Pendant que le gouverneur de la Banque continuait patriotiquement son œuvre de salut à Versailles, l’hôtel de la rue de la Vrillière, comme la forteresse du crédit et du droit, restait imprenable, sinon impassible, au milieu du Paris d’alors, d’un Paris atteint d’aliénation mentale et ne sachant qu’imaginer pour être encore plus bête que féroce. Tous les employés de la Banque, armés, gardaient l’hôtel et faisaient, bonne contenance ; à toute réquisition de la Commune, on discutait, on gagnait du temps ; on s’appuyait sur le bon vouloir et la probité du délégué Beslay et l’on finit par s’en tirer à bon marché, car on ne versa aux gens de l’Hôtel de Ville que la somme de 16 765 202 fr. 23 c. : cela ne fait même pas 300 000 francs par jour. L’histoire de la Banque de France pendant la guerre et pendant l’insurrection communaliste serait à écrire : elle renferme bien des faits curieux sur lesquels l’opinion publique a été égarée et bien des enseignements qu’il serait bon de mettre en lumière.

Tous ces événements, loin de paralyser l’action bienfaisante de la Banque, ont semblé, au contraire, lui donner une force nouvelle. Ses opérations n’ont fait que s’accroître, elles portaient en 1869 sur une somme totale de 8 499 185 000 francs, et, en 1873, elles se sont élevées au chiffre de 16 715 331 000 francs. Voir Pièces justificatives, 7.

En 1873, l’escompte, à Paris, a accepté 3 293 125 effets, représentant la somme de 4 370 187 751 fr. 75 c., et en a rejeté 18 369, dont 6 691 pour simples irrégularités qui, rectifiées, ont permis une présentation nouvelle ; les avances sur effets publics ont été de 562 906 700 francs ; le maximum de la circulation des billets a été