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blanc verdâtre, ont l’air de briques empilées. Seuls les lingots d’or, jetant des lueurs fauves quand on les éclaire, semblent des carrés de feu immobilisés et représentent bien la matière précieuse. En somme, l’aspect est décevant et la dernière des vitrines de la galerie d’Apollon, au Louvre, montrant des buires en cristal de roche et des statuettes en sardoine, produit une impression bien plus profonde et bien plus durable. Il faut une certaine réflexion pour comprendre que ces caisses de plomb, ces tas de sacs au milieu desquels on se promène, constituent une fortune sans pareille. Lorsque je les ai visitées, les caves contenaient 726 275 666 fr. 68 c. Il ne faut point en faire fi, c’est une belle somme ; mais si les caves de la Banque de France sont le séjour du veau d’or, il faut avouer que ce dieu médiocre est singulièrement mal logé.

Quels sont les moyens que la Banque tient en réserve pour interdire l’accès de ses caves, ou pour y neutraliser les intentions mauvaises de ceux qui seraient parvenus à s’y introduire ? Il est difficile de le dire, car elle n’est point bavarde à cet égard. Je n’affirmerais pas qu’elle ne puisse noyer, asphyxier ou brûler les visiteurs trop indiscrets ; les tuyaux de gaz et les conduites d’eau peuvent être, à un moment donné, de redoutables auxiliaires ; de plus, on peut, en un laps de temps très-court, ensabler complètement l’escalier. Il n’y a pas d’autre issue pour entrer dans les caves, ni pour en sortir ; si elle est oblitérée, l’accès en est impossible.

La Banque fait bien d’être en mesure de protéger son encaisse métallique, qui est la fortune d’autrui bien plus que la sienne, et qui est la garantie des billets en circulation. Dans les circonstances ordinaires, elle est bien gardée et suffisamment défendue, par une compagnie de soldats d’abord, et aussi par un poste permanent de pompiers. Chaque nuit des garçons de recette dési-