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avoir des recettes en équilibre ; heureusement que la Banque les laisse profiter des excédants de recette, et qu’ils peuvent ainsi diminuer leur déficit. Celui qui parvient à ne pas faire de pertes est fort admiré et envié par ses camarades, qui disent de lui : « C’est un vieux roublard, il n’a pas été refait une seule fois cette année-ci ! »

Le fait est douloureux à avouer, mais on les vole beaucoup. Qui ? les voleurs qui cherchent fortune dans les rues, les gamins qui se faufilent entre les jambes et excellent à fourrer leurs petites mains dans les poches ? Non pas. Ils sont volés par les personnes mêmes auxquelles ils ont affaire, et qui, peu scrupuleuses parfois, estimant que tout bien trouvé est un bien gagné, ne s’empressent pas de faire remarquer au garçon de recette qu’il oublie, tant il se hâte, tant il est talonné par l’heure, de ramasser un billet ou un appoint en écus. Ces pertes sont assez considérables pour la galerie, 25 ou 30 000 francs par an au moins. Elles sont personnelles et retombent tout entières, d’un poids souvent très-lourd, sur le pauvre homme qui s’est laissé duper.

Si je me suis si longuement étendu sur l’escompte, c’est que de toutes les opérations c’est la plus importante, la plus générale, celle qui fait le plus de bien, qui pénètre jusqu’aux dernières couches de la société, et qui, par les immenses services qu’elle rend chaque jour, suffirait à expliquer l’existence de la Banque de France et à justifier le respect dont elle est environnée. Toutefois cette opération, qui est bien réellement la base du crédit et du travail industriels, n’est pas la seule dont la Banque soit le théâtre.

Il en est d’autres qui, d’un caractère moins universel, offrent cependant une grande utilité pratique et dont il convient de dire quelques mots. En première ligne se placent les comptes courants. Tout individu, pourvu qu’il