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quiètent guère la Banque, qui garde le faux billet comme un spécimen curieux à ajouter à sa collection. Deux fois elle a été attaquée vertement. En 1852, un paquet de douze faux billets de 1 000 fr. fut présenté au bureau du change ; ils furent reconnus, une instruction fut commencée, et, à la suite d’une enquête secrète, activement menée, on acquit une conviction si étrange qu’il fut difficile de pousser les choses à l’extrême. Les billets étaient faits hors de France par un homme attaché à la maison d’un souverain expulsé de son pays ; un ancien directeur de la fabrication d’un des hôtels des monnaies du royaume le secondait dans cette œuvre peu légitime. Le principal agent pour l’émission des billets à Paris était un marquis, maréchal de camp, et le détenteur n’était autre qu’un homme qui se disait prince et prétendait être le descendant direct d’une illustre famille qui avait régné jadis sur une partie de l’est de l’Europe. Toute cette histoire est un roman des plus invraisemblables ; elle eut un demi-dénoûment en septembre 1832, devant la police correctionnelle, où l’un des inculpés vint s’asseoir. Antérieurement à cette époque, la même année, vers l’instant où les émeutes politiques et le choléra causaient à Paris une perturbation profonde, un fait très-singulier se produisit : pendant la nuit, on jetait par poignées des billets de banque faux sur le carreau des halles, à la sortie des théâtres, partout enfin où la population se trouvait momentanément agglomérée. Cette fort mauvaise plaisanterie cessa tout à coup, et malgré les investigations de la police on ne sut jamais quel en était l’auteur.

Ce n’étaient là, jusqu’à un certain point, que des accidents ; mais vers 1853 la Banque put croire qu’on allait faire un siège en règle de son crédit. Des billets de 100 francs faux arrivaient dans ses caisses avec une régularité désespérante ; on avait beau stimuler le zèle