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exécutif. Ainsi qu’il est facile de le voir, nous sommes en république, car dans cette constitution très-libérale on n’aperçoit pas l’ingérence de l’État. Il ne révèle pas son influence par des signes extérieurs ; s’il l’exerce, c’est d’une façon amiable, mais sans aucun droit reconnu dans les statuts délibérés au Corps législatif. Les actionnaires de la Banque, représentés par les administrateurs élus, étaient maîtres chez eux, sans contrôle direct, et pouvaient n’avoir d’autre guide que leur intérêt particulier.

En 1805, pendant la campagne d’Allemagne qui devait trouver un dénoûment si rapide à la bataille d’Austerlitz, la Banque traversa une crise difficile. Elle était alors installée dans l’hôtel Maissiac, qui occupe actuellement le n° 48 de la rue Pagevin. Chaque jour la place des Victoires était remplie par des gens inquiets qui venaient échanger leurs billets contre des espèces ; dans le commerce, le billet de 1 000 francs perdait 20 francs ; Joseph, qui, sous le titre de grand-connétable, présidait le conseil des ministres en l’absence de son frère, était fort troublé, et parlait de faire venir des troupes pour déblayer les issues de la Banque obstruées dès le milieu de la nuit. La Banque, voyant son encaisse métallique diminuer à vue d’œil, criait au secours et s’adressait au tribunal de commerce pour qu’il forçât le public à accepter ses billets en guise d’argent. En cette circonstance. Napoléon fut très-net. Le 20 octobre 1805, il écrivit d’Elchingen à Régnier : « Il faut que la Banque de France échange ses billets contre de l’argent, à bureau ouvert, ou qu’elle ferme ses bureaux si elle manque d’argent. Quant à moi, je ne veux pas de papier monnaie. »

Le souvenir de ces désordres passagers a-t-il eu quelque influence sur les résolutions de Napoléon ? Son esprit, singulièrement impérieux, n’a-t-il pu supporter