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pôt, fit des avances sur caution, sur marchandises, sur gages, sur titres de propriété, sur papiers de famille[1] et devint bien réellement ce que nous nommons aujourd’hui un banquier. Lorsqu’il avait manqué à ses engagements, que, par suite de sa mauvaise foi ou de spéculations hasardeuses, il causait un tort manifeste à ses créanciers, on brisait son comptoir. On disait de lui alors qu’il était l’homme du banc rompu : banco rotto, d’où nous avons fait le mot banqueroute. Selon plusieurs écrivains, les trapézistes et les mensarii auraient ignoré toutes les opérations des banques modernes. Cette opinion peut paraître exagérée, et Plaute lui donne un démenti, lorsque, dans les Captifs, il fait dire à Hégion :

Ibo intro, atque intus subducam ratiunculam,
Quantillum argenti mihi apud trapezitam siet.

«Je rentre, et vais voir un peu ce qu’il me reste d’argent chez mon banquier. » Et dans le Trinumus, lorsque Stasime dit :

Trapezitæa mille drachumarum olympique
Quas de ratione debuisti, redditæ ;.

« De compte fait avec le banquier, tu restais débiteur de mille drachmes olympiques ; elles sont payées. »

Il n’est pas douteux que depuis l’antiquité bien des banques n’aient fonctionné en Italie, mais il est difficile et il serait hasardeux de leur assigner une date positive. Venise prétend avoir possédé une banque dès la première moitié du quatorzième siècle. Barcelone trouve dans ses archives quelques traces d’une banque installée en 1349 par la corporation des drapiers ; mais il faut,

  1. Lorsque Louis-Philippe fit peindre au palais de Versailles la salle des Croisades, on retrouva à Gênes une grande partie des papiers appartenant aux croisés. Ces titres avaient été engagés chez les banquiers génois par les seigneurs français comme garantie de l’argent qu’ils empruntaient pour pouvoir se rendre en Terre sainte.