Les diverses opérations dont l’Hôtel des Monnaies est le théâtre offrent des garanties telles, qu’il est bien difficile de les trouver en défaut. Pour assurer à nos monnaies la sincérité qui doit en être le principal caractère, on ne recule devant aucune considération, et bien souvent on a fait rejeter à la fonte des brèves entières. Sur 45 522 418 pièces d’or et d’argent frappées à la Monnaie pendant le cours de l’année 1868, on en a rebuté 2 462 652, qui ont dû subir de nouveau toute la série de manipulations prescrites avant de pouvoir obtenir le bon de délivrance et entrer en circulation.
Si l’État ne participe en rien à la fabrication des monnaies, il y intervient avec omnipotence pour les contrôler, et par conséquent il assume une part de responsabilité qu’on peut invoquer lorsqu’il s’agit de certaines améliorations à introduire. Toutes les fois que le gouvernement participe à une administration quelconque, sous quelque forme que ce soit, son action doit se faire sentir immédiatement d’une façon bienfaisante et élevée. Les ouvriers employés dans l’hôtel du quai Conti relèvent uniquement du directeur de la fabrication ; mais l’État, comme tuteur des monnaies, devrait les faire jouir des avantages qu’on trouve aujourd’hui dans presque tous les grands établissements. Rien ne serait plus convenable que d’assurer des retraites à ces humbles travailleurs qui manient avec probité et en détail la richesse monétaire du pays, de leur procurer en cas de maladie ou de blessures les soins gratuits d’un médecin payé par l’administration, de leur faire distribuer à prix coûtant des médicaments par la pharmacie des hôpitaux, de les attacher, en un mot, à leur dur métier, de récompenser leur labeur par une sorte de bénéfice moral plus envié et plus recherché parfois que le bénéfice matériel. L’État est père de famille ; il exige beaucoup, sous bien des rapports il exige trop, et jamais cepen-