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prince de Neuchâtel. Il est à regretter que la nécessité de classer les monnaies selon un ordre chronologique empêche de mettre cette dernière à côté du Charles X de 1595. Parmi les pièces de cuivre, on remarque quelques exemplaires bien conservés des monnaies obsidionales, monnaies d’apparence triste et presque lugubre, frappées à Mayence en 1795, à Anvers en 1814, à Strasbourg en 1814 et en 1815. En regardant la collection des médailles avec soin, on pourra reconnaître combien le temps marche vite, combien la célébrité est fugitive. Il y a là des quantités de médailles frappées à grands frais pour perpétuer le souvenir d’un événement ou d’un homme dont la date et le nom ne sont déjà plus dans aucune mémoire. Sous ce rapport, les vitrines contiennent plus d’une leçon amère, et bien des politiques vaniteux feraient bien d’aller y apprendre la vérité, et par conséquent la modestie.

La partie la plus importante du musée est celle qui renferme les poinçons et les coins de toutes les monnaies, de toutes les médailles qui ont été frappées à l’hôtel. Ils sont encore aujourd’hui, depuis le plus ancien jusqu’au plus récent, à la disposition du public, qui peut toujours demander à la commission impériale l’autorisation de faire exécuter n’importe quel spécimen. C’est un grand avantage offert aux amateurs de numismatique, mais il faut avouer qu’ils n’en abusent pas et qu’ils laissent volontiers les coins dormir dans les armoires vitrées qui les défendent contre la poussière. Il est juste de dire que la commission, qui est dépositaire des coins, les ménage avec un soin trop jaloux, et que, lorsqu’on lui demande une médaille de bronze, elle la laisse invariablement frapper en rosette, c’est-à-dire en cuivre rouge. Le bronze cependant est le métal par excellence pour les médailles ; mieux que l’or et que l’argent, il en accuse toutes les finesses, en fait ressortir les