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On reproche parfois aux graveurs de médailles de n’être plus aussi habiles que leurs devanciers ; on ne réfléchit pas qu’en pareille occurrence le modèle est pour beaucoup, et que, s’il est facile, par exemple, de faire une belle effigie avec un visage auquel l’agencement même des lignes constitutives donne un caractère imposant, il n’est point aisé de créer un type avec une figure vulgaire ou sans expression. Les médailles de Louis XIV, de Napoléon Ier, de Louis XVIII, sont fort belles ; que dire de celles de Charles X ? La première condition, pour avoir une monnaie d’aspect satisfaisant, est que le modèle offre des traits qui conviennent à la gravure sur métaux. Les Grecs, nos maîtres en cet art difficile, le savaient bien, et ils choisissaient arbitrairement les plus admirables profils de femmes pour les reproduire sur leurs monnaies.

Il semble toutefois qu’on ne tire pas au point de vue historique tout le parti possible de ces objets à la fois usuels et précieux qui, tout en servant aux échanges indispensables, pourraient rappeler certains faits célèbres, de sorte que la série des pièces de monnaie d’un règne en raconterait les principaux événements. Toujours la même effigie, toujours le même symbole, cela est bien monotone. Pourquoi ne pas prendre une pièce spéciale, la pièce de cent francs par exemple, qu’on a une certaine tendance à conserver, et ne pas chaque année en modifier le revers de façon à y inscrire la représentation commémorative d’un fait glorieux ou seulement important ? On aurait ainsi une médaille ayant droit de circuler comme une pièce de monnaie ordinaire, mais qui du moins, débarrassée d’un emblème inutile, rappellerait et fixerait pour toujours une date de nos annales. Franklin voulait qu’au lieu du nom du souverain on gravât sur les espèces un précepte moral facile à retenir et d’une application pratique. Il serait, à notre avis,