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est ensuite porté dans un atelier spécial où il est paraphé, car, selon qu’il est face ou pile, il reçoit à l’aide de petits poinçons manœuvrés à la main et enfoncés au marteau la triple empreinte du point secret, de la marque et du différent. On le soumet alors à la chauffe et à la trempe. À son tour, le voilà devenu un corps dur et prêt à donner des empreintes avec autant de facilité que tout à l’heure il en a reçu lui-même.

De ce moment et jusqu’au jour où l’usage l’aura mis hors de service, il devient l’objet d’une surveillance attentive. Il reçoit un numéro d’ordre qui équivaut à un acte de baptême, puis il est remis au commissaire général des monnaies. Quand ce dernier le confie au contrôleur du monnayage, le récépissé est inscrit et daté sur un registre que signent les deux fonctionnaires ; lorsque le coin, à force de frapper des espèces, est émoussé, que les parties mates sont devenues brillantes par le frottement continuel, que le perlé en est indécis et les chiffres déformés, il est rendu par le contrôleur au commissaire général, et cette restitution est de nouveau officiellement constatée. Ces précautions peuvent sembler excessives, mais, si l’on réfléchit que le coin c’est la monnaie même, on les trouvera toutes naturelles.

Le graveur général fournit aussi les viroles qui sont nécessaires pour imprimer la tranche des pièces. Quoique d’invention fort ancienne, puisqu’on en retrouve des exemples qui datent de Charles IX, la virole n’a été admise définitivement dans la fabrication que depuis le commencement du siècle. Dans le principe, elle était faite comme un anneau portant sur le contour interne une inscription en relief (Dieu protège la FranceDomine salvum fac Regem) qu’on imprimait en creux dans la tranche des espèces à l’aide d’un outil brutal, nommé raquette, assez rapide pour permettre à un ouvrier de