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laurée ; le graveur général a profité de cette circonstance pour modifier le revers de notre monnaie : au lieu de la maigre couronne de laurier se refermant sur le nom de la pièce et sur le millésime, il a disposé le sceptre, la main de justice, la couronne, le manteau, les armes de l’empire, de façon à obtenir un ornement très-gracieux, mais difficile à imiter, et qui remplit harmonieusement les vides. Ce revers très-beau rappelle celui des admirables pièces de quarante francs que l’Italie frappa de 1810 à 1814 et qui sont restées comme un modèle monétaire.

Dans le poinçon, les parties saillantes et intaillées sont mates ; le champ, au contraire, reste lisse. Lorsque la gravure est terminée, que l’artiste lui a lentement donné le degré de perfection qu’elle peut comporter, le poinçon est mis au feu, chauffé à la température scientifiquement indiquée, puis jeté dans l’eau et trempé. Dès lors il devient de l’acier dur et peut, violemment frappé contre de l’acier doux, communiquer une empreinte à ce dernier. C’est sur ce principe que repose la fabrication des coins. L’acier qui doit former ceux-ci est divisé en cylindres d’une dimension réglementaire ; la surface en est polie de façon qu’on n’y puisse plus reconnaître une aspérité perceptible. Le coin ainsi préparé est placé au balancier, dans la boite duquel le poinçon a été fixé. L’alerte et vigoureuse machine est mise en branle ; les coups sont plus ou moins répétés, selon le creux que l’on veut obtenir, et lorsque l’opération est terminée, le poinçon est absolument imprimé dans le coin avec tous les détails, toutes les finesses, toutes les minuties de la gravure.

Le coin est alors repris par les ouvriers mécaniciens ; il est mis sur le tour et décolleté, c’est-à-dire qu’on en dégage la partie supérieure de manière à lui donner les dimensions exactement exigées pour le monnayage. Il