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de terre de chanter : « Au boisseau ! au boisseau ! » Ce n’est donc pas immédiatement qu’on fit subir aux monnaies la réforme nécessaire ; les premières espèces dites constitutionnelles furent des écus, des demi écus, des pièces de 30 et de 15 sous, du reste, on ne fabriquait guère ; les métaux précieux avaient disparu, les hôtels des monnaies étaient clos, le louis d’or de 24 livres valait 18 000 francs en assignats. Les décrets du 28 thermidor an III, du 28 vendémiaire an IV, déterminèrent la fabrication des pièces de 5 francs ; la loi du 7 germinal an XI, la fabrication des monnaies décimales d’or ou d’argent. Lentement, avec toute sorte de précautions que prescrivaient l’intérêt du commerce et le respect des habitudes prises, on démonétisa les écus de 6 livres, les pièces de 24, de 12, de 30, de 15 sous, qui circulaient encore librement il y a une trentaine d’années[1], et l’on arriva enfin à fixer normalement la monnaie ainsi qu’il suit : or, 100 francs, 50 francs, 20 francs, 10 francs, 5 francs ; argent, 5 francs, 2 francs, 1 franc, 50 centimes, 20 centimes ; bronze, 10 centimes, 5 centimes, 2 centimes, 1 centime. Ce système comprend toutes les monnaies décimales que peut fournir l’intervalle de 1 centime à 100 francs ; les coupures et les multiples du franc, unité de monnaie, sont respectivement au nombre de 6. De plus, chaque pièce a l’avantage de porter un nom qui indique la valeur exacte qu’elle représente. On est donc arrivé à une nomenclature précise, simple, commode à retenir, s’imposant d’elle-même et qui facilité singulièrement les transactions de la vie usuelle.

  1. En France, au commencement de ce siècle, on trouvait encore en circulation 60 espèces d’or et 90 espèces d’argent, de valeur différente, parmi lesquelles il faut indiquer l’écu de Navarre, dit écu à la vache parce que les armes étaient écartelées de Béarn, et l’écu de Flandre, qu’on appelait carambole. (Voy., pour plus de détails, Bonneville, Traité des monnaies d’or et d’argent.)