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Depuis le décret du 11 juin 1872, les fumeurs ont favorablement accueilli les nouveaux modules, car en 1875 la vente s’est élevée à 228 045 000 cigarettes ; elle dépasse 400 000 000 en 1874.

La manufacture du Gros-Caillou est toujours en haleine et ses 1 303 ouvriers ont eu fort à faire pour subvenir aux besoins du public ; en 1873, ils ont fabriqué 2 576 700 kil. de scaferlati ; 1 751 500 kil. de râpé ; 230 000 kil. de rôles ; 31 563 000 cigares et 159 718 000 cigarettes. L’importation des cigares tirés directement de la Havane tend à devenir de plus en plus onéreuse. Cuba augmente ses prix chaque année et l’administration est forcée de faire supporter au public le renchérissement qu’elle subit elle-même ; cet état de choses n’est pas près de prendre fin, car le monde entier veut fumer des cigares provenant de la Havane et, comme la consommation est supérieure à la production, celle-ci hausse incessamment ses prix : les deux débits spéciaux où l’on peut, à Paris, se procurer des cigares de choix exceptionnel, ont en 1873 vendu pour 2 362 309 francs de produits. Du 1er janvier 1811 au 1er janvier 1871, l’administration des Tabacs a encaissé 7 137 853 271 francs et en a dépensé 2 145 403 013 ; elle a donc versé au Trésor une somme de 4 992 451 238 francs ; ainsi, en soixante-dix ans, le tabac a payé l’indemnité de cinq milliards que l’Allemagne a exigée de nous. De telles richesses obtenues par l’impôt le plus facultatif qui existe, ne désarment pas les adversaires du monopole qu’ils continuent à attaquer, sous toutes les formes, avec autant d’impuissance que d’acrimonie. La direction générale des manufactures de l’État n’en tient compte et redouble de persévérance pour satisfaire les goûts du public, ce qui est une tâche souvent difficile.