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Le vent, la grêle et le brouillard
Causent mille désastres ;
N’est-ce point quelque Chamillard
Qui gouverne les astres ?

Par une anomalie étrange, pendant que les blés et la viande, à cause des impôts excessifs et des ordonnances prohibitives qui les accablaient, ne pouvaient parvenir jusqu’à Paris, on ne reculait devant aucun sacrifice pour y amener le poisson de mer. Ce n’est pas qu’on l’eût dégrevé ; il était, comme les autres denrées, soumis à toute sorte de droits ; mais du moins des édits en assuraient le libre parcours, et, prévoyant même le cas où, par suite de la célérité nécessaire, les chevaux seraient morts de fatigue en route, réglaient l’indemnité due à leurs propriétaires. Un intérêt religieux influait certainement sur ces mesures relativement libérales ; dans l’année catholique, il y a cent cinquante-huit jours où les fidèles doivent s’abstenir de viande, et l’Église dut insister auprès des gouvernements pour que l’aliment maigre par excellence arrivât dans Paris en quantité suffisante.

La première ordonnance qui concerne les chasse marée, ainsi qu’on a nommé les mareyeurs jusqu’au commencement de ce siècle, est de saint Louis et date de 1254. C’est un édit qui enjoint aux habitants riverains des routes suivies par les chasse-marée de toujours tenir le chemin en bon état. Des lettres patentes du 27 février 1556 et du 18 avril 1587 déterminent dans quelle proportion ils doivent être indemnisés de la perte de leurs chevaux ou de leur poisson, lorsque ce dernier a été gâté en route par suite de causes accidentelles. Sous Louis XIV on alla plus loin. Les marchands qui, venant de Boulogne, de Calais, de la baie de Somme, se rendaient aux halles de Paris, passaient par le village de Harmes (actuellement Hernies), non loin de Beauvais.