Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Brésil, de Mexique, de Havane et de France, et dont les derniers, enveloppés de feuilles de Kentucky, contiennent du tabac indigène mêlé à du tabac de Hongrie[1]. Pour donner un goût uniforme à ces feuilles de provenances diverses, on les réunit et on les place pendant vingt-quatre heures dans des cages à claire-voie, où elles plongent complètement au milieu d’un liquide coloré par une forte proportion de jus de tabac en suspension ; puis elles sont soumises à la presse hydraulique et obtiennent ainsi une saveur qui semble être produite par une seule et même essence de tabac. Les cigares à 5 centimes, ceux que la malice populaire, jouant sur les pompeuses dénominations espagnoles données aux cigares de la Havane, appelle volontiers des soutellas et des infectados, paraissent fort recherchés par la population, car, en 1868, la France en a fumé 667 872 775.

On fait aussi des cigarettes au Gros-Caillou, mais en petite quantité et de qualité médiocre. Il y a en Allemagne de simples épiciers qui excellent à ce genre de fabrication, où jusqu’à présent nous n’avons point réussi. Le papier qu’on emploie ici est trop cotonneux, le tabac se désagrège immédiatement et par grumeaux, la colle est trop brutalement étalée, l’ensemble est défectueux et ne donne pas de bons résultats. C’est une étude à faire, car, sous ce rapport, notre infériorité est peu discutable. Les Russes ont importé à Paris l’habitude du tabac turc ; il a fallu pouvoir les satisfaire, et on a autorisé un Arménien à fabriquer des cigarettes spéciales ; mais il ne peut les confectionner que dans l’enceinte de la manufacture, où on lui a réservé un

  1. Cigares à 10 centimes : Brésil, Mexique, 60 ; Havane, 20 ; Gironde, Dordogne, 20. — Cigares à 5 centimes : Kentucky, 30 ; Hongrie, 12 ; Pas-de-Calais, 3 ; Lot-et-Garonne, 10 ; Bas-Uhin, Haute-Saône, 3 ; Meurthe, Moselle, Savoie, 10 ; Gironde, Dordogne, 20 ; Algérie, 1.