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fie qu’au moment où le tabac a été mis en paquet, il contenait 20 pour 100 d’humidité.

Il est une amélioration que bien des personnes voudraient voir apporter dans la fabrication du scaferlati et qui concorderait avec les efforts dont l’administration n’est pas avare pour nous procurer des cigares de premier choix. Pourquoi ne ferait-on pas un tabac de caporal de luxe qui serait vendu deux ou trois francs de plus par kilogramme, mais dans la composition duquel il n’entrerait que des feuilles choisies et absolument dépouillées de ces côtes si désagréables à rencontrer, à fumer, qui oblitèrent les pipes et déchirent le papier à cigarette ? Rien ne serait plus facile cependant, on donnerait satisfaction à bien du monde, et de même qu’on fabrique pour les soldats et les marins un tabac de cantine coûtant un franc cinquante centimes le kilogramme, on peut parfaitement faire un scaferlati de premier choix destiné à ceux qui voudraient bien le payer. Nos manufactures sont outillées de façon à répondre presque immédiatement à toutes les fantaisies de la consommation ; le devoir du monopole est d’aller au-devant de tous les désirs ; la dépense qu’entraînerait la main-d’œuvre serait promptement couverte par l’augmentation du prix, et la régie ne pourrait qu’y gagner.

La mode, qui autrefois faisait en quelque sorte une obligation de priser, s’est depuis longtemps déjà tournée du côté du tabac à fumer ; mais voilà qu’aujourd’hui les chiffres officiels constatent que la consommation du tabac à mâcher augmente dans des proportions considérables. La vente des rôles (du mot rouler ; c’est le nom poli de ce qu’on appelle trop vulgairement la chique), qui en 1861 était de 533 918 kilogrammes, s’est élevée jusqu’à 718 519 en 1868 ; et le mouvement ascensionnel ne se ralentit pas. Est-ce à l’infiltration des mœurs américaines que nous devons cette laide