Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prescrivit la reconstruction complète des Halles, et l’on put croire que Paris allait enfin posséder un marché digne de lui-même. Il n’en fut rien cependant ; 1812 arrivait, apportant la guerre de Russie, et l’empire, entraîné vers d’autres soucis, abandonna le projet formé, avant même que l’on eût pu ébaucher un commencement d’exécution.

La Restauration se souvenait avec trop d’amertume du rôle joué pendant la Révolution par les gens des Halles pour porter grand intérêt à leur bien-être ; rien ne fut fait alors, ni pendant les premières années du règne de Louis-Philippe, quoique le percement de la rue de Rambuteau, emprunté au projet impérial de 1811, pût faire croire qu’on allait enfin se mettre sérieusement à l’œuvre. Un mauvais génie semblait toujours faire différer une reconstitution complète que chaque année rendait plus nécessaire. Une ordonnance royale du 18 janvier 1847 prescrivit en principe l’établissement de Halles centrales en rapport avec la population et ses besoins. À cet effet, une loi du 1er août de la même année autorisait un emprunt dont le produit fut promptement détourné de sa destination, car il fallut faire face aux nécessités créées par la disette de 1847 et par la révolution de 1848. Un second emprunt, approuvé par la loi du 4 août 1851, permit enfin de commencer les travaux.

Deux projets se trouvaient en présence, l’un appuyé par la préfecture de la Seine, l’autre présenté par M. Horeau. D’après ce dernier, les Halles, partant de la rue de Rambuteau, prenant façade sur la rue Saint-Denis d’un côté et de l’autre sur une rue future qui eût absorbé la rue des Potiers d’Étain et la rue des Orfèvres, allait chercher la Seine sur le quai de la Mégisserie, demandant au fleuve tous les services qu’on peut en exiger pour le transport des denrées et l’enlèvement