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1822 que date l’inauguration de cette promenade olympique où des dieux enrhumés et des déesses grelottantes se montrent à demi nus aux badauds de Paris. En 1848, 1849, 1850, nous n’eûmes pas de bœuf gras ; une décision du préfet de police datée du 24 janvier 1849, et approuvée par les ministres de l’agriculture et de l’intérieur, avait supprimé cette bacchanale, mais en 1851 on la rétablit. Seulement, comme aucun boucher parisien n’avait consenti à acheter de bœuf gras, ce fut le directeur de l’Hippodrome qui se chargea de la promenade. Depuis le rétablissement de l’Empire, cette fête semble prendre un développement plus considérable ; en dehors des quêtes faites à domicile, ceux qui l’organisent reçoivent directement de l’administration une somme de 6 000 francs, votée par le conseil municipal. Aujourd’hui, c’est l’acquéreur même du bœuf gras qui est le grand maître de ces inutiles cérémonies, dans lesquelles il trouve une réclame flatteuse pour sa vanité.

On croit généralement que les déesses, les druides, les héros et les dieux sont pris parmi le corps des bouchers ; que la plus jolie bouchère devient Vénus et que le plus beau garçon boucher est momentanément coiffé du casque de Mars. C’est là une erreur. Depuis longtemps déjà la boucherie parisienne semble tenir à honneur de s’éloigner de ces exhibitions surannées. Le personnel de quelque théâtre de troisième ordre donne les figurantes qui, sous le fard et le blanc de céruse, peuplent l’Olympe de carton ; quant aux comparses, mousquetaires, Mexicains, gardes-françaises, qui forment l’escorte, s’arrêtent à toute station pour trop boire, et qui, malgré les oscillations imprimées par l’ivresse, conservent dans les rangs une sorte de régularité disciplinée, ils sont tout simplement empruntés à la garnison de Paris au prix de 2 fr. 50 par homme et par jour.