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onze bureaux de passe arrivent dans l’ancienne cour des malles-postes et remettent leur dépôt aux employés qui les attendent.

Les sacs, rapidement montés dans une salle garnie de plusieurs tables, sont reçus par un agent qui, au fur et à mesure qu’il les ouvre, en indique d’un mot l’origine à un employé qui l’inscrit sur un registre. Le sac est non-seulement ouvert et vidé, mais, sous peine d’amende, il doit être retourné de façon qu’on puisse en voir le fond. Avec une dextérité, une rapidité que seule une longue habitude peut donner, l’agent lance les différentes dépêches aux tables où elles doivent être manipulées. Ici Paris, là les départements, plus loin la banlieue, ailleurs l’étranger. La dépêche générale de la province se subdivise en vingt sous-dépêches correspondant aux vingt bureaux ambulants qui voyagent sur les chemins de fer. Ces sous-dépêches sont, en attendant l’heure du départ, déposées dans un vaste casier où chaque compartiment porte un nom indicateur : le Havre, Quiévrain, Strasbourg[1], etc. Les dépêches pour l’étranger sont divisées suivant les offices postaux auxquels elles doivent parvenir. La dépêche pour Paris est dépecée immédiatement ; toutes les lettres qui s’en échappent sont versées en monceau sur une table autour de laquelle une quinzaine d’hommes sont réunis.

En hâte et fiévreusement, car les minutes sont comptées, on divise les lettres en deux parts, celles qui ne sont point affranchies et celles qui le sont. Les premières sont portées à un agent particulier qui en fait onze parts et additionne le total des taxes ; les secondes, poussées sur la table même du tri à des employés qui tiennent deux timbres dans la main droite, sont frappées de deux cachets, l’un qui indique la date du mois et

  1. Actuellement, pour les motifs que l’on sait, Avricourt a remplacé Strasbourg comme point frontière.