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d’étoffe, des spécimens qui serviront à déterminer plus tard une commande, et que c’est à cela qu’est limité le droit d’expédition ; pas du tout. Par suite de la tolérance de l’administration des postes, qui en toute chose fait acte de bonne volonté pour se plier aux exigences du public, par suite de cet esprit d’abus qui semblent inhérent aux Français, surtout en présence d’un monopole, les échantillons sont devenus peu à peu de véritables marchandises qui devraient être reléguées dans les wagons de messageries des chemins de fer. Comme les 100 grammes d’échantillons ne sont taxés qu’à 10 centimes, la poste transporte pour 30 centimes des paquets qui pèsent 300 grammes ; chaussures, dentelles, chapeaux, douzaines de paires de gants, s’en vont tranquillement et fort économiquement dans la boîte des facteurs pêle-mêle avec les lettres et les journaux. J’ai vu parmi ces amas d’objets de toutes sortes deux petites tortues vivantes, portant une adresse collée sur la carapace et qui furent transportées comme échantillons, car elles n’outre-passaient pas le poids légal.

Ces facilités sont tellement appréciées par le commerce, que depuis dix ans le nombre de ces prétendus échantillons a quintuplé ; il est devenu aujourd’hui un motif de sérieuses appréhensions pour l’administration. Son service, en effet, son service essentiel et spécial est celui des dépêches, et il est encombré de la façon la plus gênante par tous ces colis qui tiennent beaucoup de place, exigent une manipulation plus délicate, et entraînent une perte de temps précieux. La poste succombe littéralement sous l’amoncellement des lettres, des journaux, des imprimés ; il serait utile, dans son propre intérêt, qui est celui du public tout entier, de la débarrasser d’un surcroît de travail qui trouverait mieux son emploi ailleurs.

Si je blâme les facilités abusives accordées au trans-